De l’art engagé au Québec
SKOL / SAGAMIE
En 1997, dans la préface de la publication L’installation. Pistes et territoires, Sylvie Cotton et Anne Bérubé invitaient le lecteur à aborder l’ensemble des textes comme une promenade, et à se faire plaisir. Aujourd’hui, en 2021, les promenades sont plus hasardeuses ; le long du chemin, il est devenu impossible d’ignorer le désastre environnemental tandis que le contexte sociopolitique pose des embûches et complique la trajectoire. Force est de constater que les textes formant cette publication sur l’art engagé sont plus imprégnés de ce contexte que prévu : les changements liés à la COVID-19, la puissance des réseaux sociaux, la montée du populisme, la polarisation et l’emprise des politiques identitaires y sont évoqués à maintes reprises, et en tracent le contour. Le processus de production de cet ouvrage collectif n’a pas été épargné par ce climat social, et a connu plusieurs complications en cours de route. En fin de compte, notre ligne éditoriale fait place à une variété de points de vue et refuse de « choisir son camp », elle rallie le terrain complexe du dialogue, dans un esprit d’écoute respectueuse et de réflexion. Et c’est sûrement sur ce terrain que l’art engagé a le plus de mérite. Car il soulève des questionnements qui traversent les disciplines et les groupes sociaux, et qui nous obligent à revoir les fondements de nos valeurs, à composer avec le paradoxe et les questions irrésolues. Fruit d’un travail collectif engagé, cette publication a été portée par un partenaire (le Centre SAGAMIE) et un comité composé de membres de Skol. Ce comité avait comme mandat de préciser la forme et le contenu de la publication et de statuer sur le corpus d’auteurs et d’autrices à inviter.