Cassandre Boucher
ATELIER CIRCULAIRE / ZOCALO
Respectant le rythme lent nécessaire au travail de la terre et à la construction textile, Cassandre Boucher utilise le tissage pour faire écho à la pratique du jardinage. Par désir de revaloriser les déchets textiles d’atelier, elle a découpé de vieux t-shirts en lanières, amassé des bouts de ficelle et apprivoisé la laine de mouton brute. Le motif de la traditionnelle catalogne québécoise devient une trame de fond permettant de tisser une relation sensible au végétal. Chaque fil de trame rend visible l’action lente et répétitive à laquelle se soumet l’artiste. Chaque fil de trame permet aussi à l’image d’apparaitre, devenant le geste d'une main verte qui rappelle l’interdépendance de l’humain et de la culture vivrière. Si l’industrialisation de masse a provoqué un certain étouffement des savoir-faire traditionnels et artisanaux de nos sociétés occidentales, La fabrique du sensible rappelle que par leur qualité immersive, ces pratiques permettent aussi la construction de liens sensibles avec notre environnement.
Cassandre Boucher s’intéresse au pouvoir évocateur des traces du passé et au potentiel mémoriel de l’image imprimée. Elle développe une pratique des arts textiles où les possibilités picturales de la sérigraphie ainsi que le lexique du tissage sont exploités afin d’altérer et de détourner des images photographiques d’archives. Cherchant à créer des allers-retours visuels entre le temps présent et celui des souvenirs, elle s’inspire de l’histoire sociale récente et du milieu rural québécois dans lequel elle a grandi afin d’explorer des thèmes reliés au travail manuel et aux savoir-faire traditionnels. Dans ce contexte, son attention se porte particulièrement sur l’évolution de la place des femmes ainsi que sur la relation de contrôle et de domination que l’être humain entretient avec son environnement.
Originaire du Bas-Saint-Laurent, Cassandre Boucher est diplômée de l’Université du Québec à Montréal en arts visuels et médiatiques ainsi qu’en pédagogie de l’enseignement supérieur. Son travail a été présenté dans plusieurs villes canadiennes ainsi qu’en France et en Suisse. Elle a participé à des résidences au Fabric Workshop and Museum à Philadelphie (États-Unis) ainsi qu’au Ós Textíllistamidstöd à Blönduós (Islande). Ses projets ont bénéficié du soutien du Conseil des arts et des lettres du Québec (2016 et 2018), ainsi que du Conseil des arts du Canada en (2020 et 2021). En 2022, son travail est finaliste pour la 14e édition du prix ICART (France). Elle vit et travaille à Paris et à Montréal.