Doreen Groegen
L’ŒUVRE DE L’AUTRE / CENTRE SAGAMIE
La dégradation du souvenir, immisçant des zones d’absence, est le fondement de ma réflexion actuelle. Ma recherche est centrée sur la fonction créatrice de l’absence ainsi que son aspect régénérateur. Je me suis alors peu à peu portée vers un processus créatif stimulant la réactivation mémorielle. L’objectif n’est pas de retrouver la totalité des souvenirs enfouis mais plutôt de dévoiler leur régénérescence à l’instant présent, au moment de la réactivation. Trouver un autre regard, m’attarder sur d’autres détails. Certes, l’absence se fait ressentir lentement lorsque la métamorphose des souvenirs prend place avec le temps au sein de notre mémoire. L’oubli y est essentiel. Cependant, mon processus de remémoration, ainsi que la révélation de mes bribes mémorielles aux spectateurs, introduit l’absence comme moyen de transmission. Une forme d’écriture, dans le cas de la production de mes œuvres, assure en quelque sorte la pérennité d’un souvenir. Dans cette démarche, une forme de désastre se constitue, amenant les fragments mémoriels partagés à leur ruine.
Ma production actuelle s’articule entre un laboratoire artistique et scientifique. Une exploration photographique et vidéographique est alors acheminée par la récupération d’archives, tout en les soumettant à des bains chimiques. Une cristallisation apparaît alors, prenant place comme matière destructrice et créatrice de zones d’absence.